Eau de Seltz

J’ai empli ce matin,
Mon chagrin,
De coquillages marins,
Et de drôles de copains.

J’ai enfermé mes secrets,
Et crié mes défaites.
Dans un monde sous-marin,
J’ai fini d’avoir faim.

Trop d’amour, trop d’aimant,
Dans cette eau de Seltz.
Tout est fécondant,
Riche comme le fiel.

D’acrobaties océaniques,
La vague m’a avalée.
Par trop de rêves lactiques,
Rien ne fut pardonné.

Quelques algues marines,
S’occupent de mon ventre,
De mes seins qu’elles raffinent.
Les herbes sont innocentes.

Trop d’amour, trop d’aimant,
Dans cette eau de Seltz.
Tout est fécondant,
Riche comme le fiel.

Que d’amants insipides,
Solubles dans mon eau.
Sont devenus lucides,
Au fond de mon verseau.

L’amour de la mort,
Façonne mes traits,
Et fait languir mon corps,
À jamais satisfait.

Je refuse l’absolution,
Et drague l’absolu.
Finir en pas de danse,
Jusqu’à l’os.

Trop d’amour, trop d’aimant,
Dans cette eau de Seltz.
Tout est fécondant,
Riche comme le fiel.

Sous les vagues, tout danse.
Sous les vagues, tout s’efface.