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Laureth Sulfate — Vit et travaille à Lyon (France) –
Diplômée de l’école nationale supérieur des Beaux-arts de Lyon (DNSEP)
Laureth Sulfate est une artiste contemporaine française, diplômée de l’école nationale supérieure des Beaux-arts de Lyon. Son travail artistique est centré autour de la représentation du corps féminin, considéré comme expression du divin et miroir d’une civilisation à la fois psychédélique, joyeuse, profonde, dramatique et sensuelle.
Elle crée des œuvres d’art immersives et interactives, invitant le public à s’engager avec son art de manière vivante.
En transcendant les limites de la photographie et de l’art numérique traditionnels grâce à la technologie et son environnement, elle donne vie à ses installations.
Le parapluie du poète reçoit une pluie de cendres alors que des cortèges de fleurs et de femmes défilent dans son art.
Le bestiaire de Laureth Sulfate
Des œuvres sucrées comme des pralines, des portraits troublants comme
le parfum du bigaradier. Une sorte de promesse d’exotisme à l’arrière
d’une traboule. Bref…un échange d’âme à homme, dame à âme, comme un rêve
éveillé. Voilà ce que nous donne à voir, à toucher, à entendre, à
sentir et à manger Laureth Sulfate !
« Le Bestiaire ou Cortège
d’Orphée » est le premier recueil de poèmes publié par Guillaume
Apollinaire, en 1911, avec pour projet avoué de montrer que la poésie
est une forme « impressive » de la peinture. Picasso refusa la commande
d’illustrer ce texte, à laquelle souscrivit Dufy. A un siècle de
distance, la convergence reste évidente, entre un langage pictural
numérique et une écriture poétique moderne : le retour à une forme de
primitivité, y compris dans ce qu’elle a de populaire, permet en toute
liberté une création poétique originale et innovante. A bien des égards,
toutes les créations numériques de Laureth Sulfate procèdent de
l’expérimentation poétique. Car la poésie, « cette célébration conjointe
du beau et du bon », véritable art de vivre spirituel, est, nous ne
pouvons plus l’ignorer depuis le poète François Montmaneix (prix
Apollinaire 2003), autant affaire d’images ou de musiques ou de
peintures ou de sculptures, que de mots. Dans « Ties wearing pigs », par
exemple, pourrait se lire une réinterprétation du mythe de Circé, la
magicienne qui transforma en cochons les compagnons d’Ulysse, échoués
sur son île. La figure de la magicienne/femme, qu’elle revendique pour
elle-même, à la fois éprise et maîtresse de l’homme réduit au statut
d’animal, trouve aussi ses semblables dans des folklores d’autres
cultures. Surtout, elle s’est perpétuée sous diverses formes à travers
les siècles, passant curieusement de l’image de sorcière maléfique à
celle de « femme libre». Le cochon revêtant alors la cravate du porc
métaphorique et le plus souvent bourgeois, balancé par une société en
quête de victimes expiatoires d’une violence ubiquitaire. De même avec
le mythe moderne du Joker, issu de la culture pop américaine des comics,
détourné dans le tableau « Dove idol », par la figure quasi mariale
d’une Harley Quinn au rictus romantique, dépeinte dans une ambiance
végétale victorienne. L’ensemble étant à l’origine doublé d’un écrit du
jeune poète Dreidemie, à l’inspiration sous acide et aux accents
schizophrènes plus vrais que nature.
Que sa démarche porte
sur la « ré-écriture » des grandes scènes mythologiques (Ties wearing
pigs, Sirens smiling at you) ; sur l’illustration du tragique
Shakespearien (Ophélie) ; sur la dénonciation des abérrations
dogmatiques de pratiques religieuses asservissantes et insupportables
(série Mettre les voiles) ; sur l’ultraproductivisme de Cités
bidonvilles « Nougaresques », touchées néanmoins par la grâce de la
révélation d’une beauté omnisciente (série Un monde hors de ses gonds) ;
sur l’urgence sanitaire qui découle du mésusage de nos richesses
naturelles communes (série des Corona girls) ; ou encore sur l’urgence
du réchauffement climatique face à nos gouvernants majoritairement
irresponsables (série Art against oil) et à l’origine d’une humanité
dérivante ouvertement féministe, en quête d’un nouvel Eden à l’évidence
utopique (fresque monumentale Le bal des abeilles).
The Sirens Smiling at You
The smile of the Joker Woman – Faced with the metamorphosis of the world, the fallen sirens keep smiling under a rain of dollar bills.
Laureth Sulfate fait mouche sur tous les sujets : Bang bang ! Ces œuvres dupliquées régulièrement en Art de rue et repérées par des éditeurs, font désormais l’objet de publications dans des livres d’art internationaux tels que le « Street art in the time of Corona », ou le « Street art against oil and global warming », tous deux chez Graffito. Sans oublier « Beyond words » de Cindi Adler, une publication dans « le Monde International » et une citation récente du magazine Artension sous la plume de Françoise Monnin.
Quoi qu’il en soit, dans ce monde bordélique dont témoigne Laureth Sulfate, à la suite de Georges Pérec dans son roman « La vie mode d’emploi » ou Louis Aragon dans son ouvrage de jeunesse, inachevé et partiellement jeté au feu, « La défense de l’infini », la figure de l’animal est une constante et dans une majorité de ses œuvres, une merveille de la création sert de fil conducteur, sous les couleurs changeantes du ramage suggéré et le plus souvent floral, d’une fauvette des bois, d’une bécasse des roseaux, d’un macareux moine des sept iles, d’un tétras lyre, d’un sterne caugek, d’un chardonneret, ou d’une huppe immonde. Sans oublier le perroquet cher à Frida Kahlo autant qu’au Douanier Rousseau. Philippe Jacottet, Saint John Perse, Rimbaud, Dona Tartt ont magnifiquement parlé des oiseaux, pourtant Laureth Sulfate en dit davantage en quelques images que ces derniers par les mots. Son respect de la fragilité du vivant et de l’éphémère de la beauté se rapprochent de la puissance d’acteur d’un Burt Lancaster jouant « The birdman of Alcatraz ». Quant à leur construction esthétique et leur interprétation polymorphe, les compositions plastiques de Laureth se rapprochent de la juste et complexe structuration symphonique d’un Olivier Messiaen.
Elle demeurera, pour moi, cette bergeronnette des ruisseaux, petit passereau à ventre jaune. Comme lui, elle symbolise l’ouverture, le souffle, une invitation à aller plus haut, à relier le Sacré qui est en nous, au vaste Universel qui nous entoure, au moyen d’un lien invisible. Le lien d’une intime connexion de cœur avec son spectateur.
Alors soyons amis, pour commencer avec Laureth, vous voulez bien ? Soyons, comme la rose du petit Prince, l’un pour l’autre d’une importance considérable, parce que, l’un pour l’autre nous pourrions compter, pour porter son message : l’Art est essentiel lorsque plus rien n’a de sens. l’Art témoigne aussi du prix à payer pour la survie d’une civilisation décadente lorsque plus rien n’a de valeur. Enfin, l’Art témoigne seul, dans l’air et la lumière du temps qui passe, de l’âme d’une époque !
Fidèles au principe de l’éternel retour du même, il adviendra de Nous ce que nous en fîmes et ferons, ni plus, ni moins.
Depuis que je connais Laureth Sulfate, je n’ai pas davantage peur qu’elle-même à ce sujet. Mais vous l’aviez compris, n’est-ce pas ?
Dove Idol c’est la rencontre du magnétisme des icônes comme l’expression d’une humanité décadente, avec la grâce d’une Nature aux vertus infinies, afin de bâtir son propre monde intérieur, de l’incarner pleinement et proposer par la même au spectateur un crédo universel.
Par sa volonté d’agir sur le présent éternel, transfigure une réalité qu’elle relie par la puissance de son imaginaire, à une fiction polymorphe, alternative cohérente et tragique en train d’advenir.
Cette exposition se veut une partie essentielle d’un Tout qui couvre une vie de métamorphoses créatives, aux déploiements à posteriori inconnaissables.
Bref, la Vie comme un vaste Bordel !