Tri intensif, Love recycling
Non ! vraiment…Moi, vous, pourquoi ?
Ne me regardez pas, je n’en vaut pas la peine.
Je suis l’inexorable obsession qui va vous engloutir,
Vous abîmer… contre ma volonté !
Je suis le feu qui fascine et consume, évanescente.
La vie n’est qu’une suite d’instantanés, une fuite de moments précieux qui s’estompent à la vitesse des vagues se brisant sur la coque des bateaux.
Les visages souriants, les rires partagés, les couchers de soleil flamboyants… Tout cela, aussi éclatant et réjouissant soit-il, se fond dans le tissu des souvenirs. La beauté elle-même est éphémère, un papillon qui s’envole au moindre souffle de vent.
Ces instantanés de bonheur et de beauté ne sont qu’expirations tournées vers les limbes du temps cannibale.
Le passé est derrière nous, le futur est incertain. Seul l’instant présent est palpable, réel, vibrant d’une intensité insoupçonnée, puissante mais inaccessible à l’insensible assoupi.
Dormeur, réveille-toi ! C’est ici, maintenant, que réside le véritable bonheur. Dans cet instant où la lumière froide de l’hiver fait frissonner ma peau, où le vent narquois joue avec mes cheveux, où mon regard bleu Klein se perd dans le miroitement prophétique de l’eau dégoulinant des baleines de mon parapluie.
Oh que je puisse seulement m’abandonner à cet éphémère. M’enivrer de sa douceur volatile. Laisser les soucis les attentes et les frustrations au casier des objets inutiles.
Que je trouve enfin la paix, la sérénité et la gratitude d’être une étoile dans un archipel de comètes filantes.
Je savoure l’instant fugace, je trouve la plénitude, la légèreté et la promesse d’un avenir dont je serai seule l’artiste.
Juste s’évaporer et s’imprégner de la sensation du vent sur ma peau, en harmonie avec l’éternité de mes ressentis instinctifs.
Ah l’instinct… Je ne vois rien de mieux pour choisir son destin.
Maintenant laissez-moi,
Ouste ! Du balai !
C’est la saison nouvelle, il faut faire le tri : réclame !Foutez-moi la paix, je vous dis
Merlin K
Laureth Sulfate est une artiste contemporaine française dont la pratique inclut sculpture, installation, chant, performance, vidéo, photographie, street-art…
Au fil de son œuvre, Laureth Sulfate scrute le corps dans ses rapports à l’environnement, par son mouvement, ses extensions. La performance Métonomia [métonymie] (2019) inaugure en un sens cette dynamique. Dans un champ, de profil, vêtue de burka et tenant à la main des bouteilles de gaz, dansant autour d’un feu, Laureth Sulfate s’affiche et se déploie jusqu’à l’absurde… Au fil de son travail, les masques et extensions corporelles de Laureth Sulfate créent la figure d’une sainte rebelle des temps modernes tentant d’échapper au combat, glissant de la figure d’Icare à celle de Dédale.
Son travail photographique questionne les interactions humaines sur le plan de l’identité et du pouvoir dans un imaginaire décalé empreint d’humour et de spiritualité.
Dans l’abondance de la production artistique féministe et des réflexions contemporaines sur la condition des femmes, ses recherches abordent plus largement la question de la vulnérabilité de l’humain qui lui fait admettre certaines soumissions, par ignorance, par facilité, mais aussi par compassion, courage, amour ou fidélité…
Le corps féminin partiellement dissimulé sous des étoffes laisse transparaître et souligner, à la façon d’un masque, la complexité et les paradoxes de la condition humaine.
Dans « un monde hors de ses gonds », ses pièces proposent un certain regard sur notre société et ses impostures, une vision entre Terre et Ciel par le vecteur de l’humain et de ses représentations, qu’elles soient religieuses, sociales ou identitaires.